Sèq 1 – Bourreau ou chirurgien ?

La fonction de bourreau est frappée d’infamie depuis l’antiquité. Il ne peut habiter à l’intérieur d’une ville. La maison du pilier rouge ne lui a donc jamais appartenu malgré sa couleur et les têtes de mort sculptées. À la fin du XVIIIe s., un chirurgien, Julien-Mathurin Goutard y habite, comme l’indique un brevet du Roy de 1774. En 1761, Goutard et ses confrères intentent un procès au bourreau Nicolas Jouhanne qui exerçait au Mans entre 1750 et 1780. Pour compléter sa rémunération de bourreau, Jouhanne exerce des petits actes de chirurgie. Il n’est rémunéré que s’il exerce la torture ou les châtiments corporels or pour vivre, ayant quelques connaissances dans le soin des blessures, il se présente publiquement comme « chirurgien-réparateur ». Cela lui vaut un procès et il est condamné à verser 500 livres aux chirurgiens du Mans. Il semble que Jouhanne ait été le dernier bourreau de la ville du Mans. Ses descendants exerceront cette fonction dans d’autres villes en France jusqu’en 1850.

La maison du pilier rouge fut construite au début du XVIe s. Sur le pilier, une sculpture fait référence au métier de son premier propriétaire, fabriquant de cannes du jeu de soûle. Cet ancêtre du football se joue entre deux groupes d’hommes, parfois deux villages. Il n’a pas de règles ni de surface définies. Il s’agit d’amener la balle à un point décidé par les équipes. Ce jeu est très violent et des édits royaux tenteront d’y mettre fin. La couleur rouge sur le pilier et sur les colombages est un moyen de repérer une maison dans la ville du Mans, mieux que ne pourrait le faire une enseigne. Le pilier rouge est donc un point de repère pour les visiteurs. Huit autres maisons possèdent un pilier dans la ville. Ils étaient aussi colorés. Tout près d’ici, dans la Grande-Rue, vous trouverez la maison du pilier vert. À vous de découvrir les autres. Le 1er mars 1768 une ordonnance de Louis XV instaure la numérotation des maisons dans les villes. Au Mans, elle débute dans le quartier de la cathédrale.